L'Union Européenne : prémices et construction
Le terme
"Europe" nous est familier. Il est cependant utilisé pour désigner un
espace géographique s'étendant depuis la pointe sud de l'Espagne jusqu'à Moscou
à l'est pour une superficie totale de dix millions de kilomètres carrés. Si
l'on souhaite parler de l'association économique européenne, on utilisera plus
le terme d'Union Européenne.
Comme il s'agit bien
d'une association, certains pouvoirs, appartenant d'ordinaire aux états sont
délégués à des entités supranationales. Des mesures communes sont également
prises et il faut donc un siège où prendre les décisions communes. C'est ainsi
que nous allons étudier les rouages de cette machine.
Tout commence après
la seconde guerre mondiale. On dit souvent qu'elle s'est terminée en 1945 - la
date exacte est le 2 septembre pour l'armistice. On rappelle également les
différences idéologiques fondamentales existantes entre communisme (URSS /
CCCP) et capitalisme (Etats-Unis, vieille Europe). Juste après la guerre,
Staline va entourer l'URSS de pays satellites. C'est ainsi qu'à lieu le Coup de Prague en février 1948. Lors de cet
évènement, le parti politique communiste local prend le contrôle de la
Tchécoslovaquie. Ce tour de force effraie de nombreux pays capitalistes qui
décident de se lier les uns aux autres dans un but défensif : c'est le traité de
Bruxelles (17 mars 48). Plus tard, afin de contribuer au rétablissement des
économies respectives des anciens pays occupés, ils créent la CECA, Communauté
Européenne du Charbon et de l'Acier (1952).
Cette CECA est
absolument novatrice dans la mesure où elle est basée sur des principes
supranationaux, c’est-à-dire que les nations délèguent une part de leur
souverainetés à une entité supérieure. La CECA a aussi permis de créer un
marché unique du charbon et de l'acier à une époque où la vieille Europe était
encore industrieuse. De nos jours, nous assistons à la fin de cette industrie -
la fermeture suivie d'une délocalisation d'Arcelor Mittal en est un exemple.
La CECA ouvrira la
voie à deux autres projets d'ampleur supranationale : la CED (Communauté
Européenne de Défense, 1952 - 1954) et la CEE (Communauté Economique Européenne
1957 - 1993).
La CEE est un projet
"européen" dans la mesure où il est totalement indépendant du plan
Marshall - ce plan d'aide américain issu de la pure stratégie de
"l'endiguement". Il marque également la voie de la réunion des
différents projets supranationaux en unifiant CEE, CECA et Euratom (projet
européen sur la recherche nucléaire). Il pose les jalons de l'Union Européenne.
Mais ce qui fera
vraiment basculer le "simple" projet qu'est la CEE au rang de monstre
économique à la monnaie attractive c'est le ministre français Jacques Delors.
C'est ce dernier qui poussera à la signature de l'Acte Unique Européen en 1987,
élargissant ainsi le champ d'action de la CEE.
Le Traité de Maastricht
On dit souvent que
le traité de Maastricht a fondé l'Union Européenne. Il s'agit en fait d'un
traité - un contrat dans un sens international - constitutif (c’est-à-dire
qu'il pose les bases politico juridiquo économiques de l'UE).
Un autre traité
régit quant à lui le fonctionnement de l'UE : le traité de Rome (signé en 57)
et modifié par le traité de Lisbonne (2007).
Ce qu'il est
fondamental de comprendre dans le traité de Maastricht est qu'il met en place
trois piliers, c’est-à-dire trois principes fondamentaux de l'UE.
- Politique Economique Commune
- Politique étrangère & de sécurité commune
- Politique de coopération judiciaire
Ce qu'il faut ici
remarquer est que les deux derniers piliers fondent les bases de la coopération
interétatique au travers d'une entité supranationale.
Le premier pilier
est celui qui aboutira à l'Euro. Mais avant d'en parler, nous avons besoin
d'introduire ce que l'on appelle les "critères de convergence". En
effet, la mise en circulation d'une nouvelle monnaie présente un risque pour la
stabilité du système financier à l'échelle mondiale. Il convient donc que les
pays adoptant cette monnaie aient une santé financière correcte. C'est pourquoi
la sortie de la Grèce de l'UE était inenvisageable pour beaucoup d'économistes
malgré l'état de ses finances.
On distingue
majoritairement deux critères de convergence :
- Déficit public maitrisé à moins de 3% du PIB
- Un taux d'inflation inférieur à 1.5% / an
Afin de contrôler
cette nouvelle monnaie entrée en circulation en 2002, le pilier de Politique
Economique Commune met en place deux organisations :
- La BCE (Banque Centrale Européenne)
- L'UEM (Union Economique et Monétaire)
Après la chute de
l'URSS (1991), plusieurs pays (les PECO - Pays d'Europe Centrale &
Orientale) appliquent leur candidature pour devenir membre de L'UE : c'est ce
que l'on nomme la phase d'expansion. Cette phase d'expansion pose un problème
éthique et culturel : doit-on accepter tous les pays ? Et conduit à une charte
d'adhésion.
- Les pays aspirants doivent êtres démocratiques
- Accepter l'économie de marché
- Accepter la rétroaction des mesures déjà votée par l'UE
Le traité
d'Amsterdam en 1997 vient encadrer plus en avant cet afflux de pays :
- Possibilité d'une coopération renforcée entre deux pays en dehors du cadre de l'UE
- Espace Schengen
Finalement, en 2001,
le traité de Nice s'occupe du cadre juridique en étendant la majorité qualifiée
et en attribuant un nombre de voix précis à chaque pays selon un nouveau mode
de répartition.
Cependant en 2005,
l'UE connait un gros revers : la France et les Pays-Bas refusent par référendum
de donner à l'UE une personnalité juridique la laissant signer des traités en
leur noms.