Hume et la conscience

 
David Hume est un philosophe écossais du 18ème siècle. Après s'être opposé à sa famille qui le voulait avocat, il publie quelques livres puis devient le secrétaire particulier du Général St-Clair et parcours l'Europe mondaine. Il est ensuite secrétaire pour l'ambassadeur Lord Hertford et se lie d'amitié avec Rousseau. Dix ans avant sa mort, il est sous-secrétaire d’état auprès du Général Conway. Il meurt en 1776.

L'apport majeur de Hume à la philosophie reste l'empirisme (Cf. Traité de la nature humaine). Cette théorie qui s'oppose au rationalisme s'intéresse à la formation des idées dans notre esprit et forme une sorte de généalogie des connaissances. Pour les rationalistes, Descartes et Socrate en tête, seule la raison nous permet d'accéder à la connaissance. L'expérience de la nature va nécessairement corrompre cette perception. Il n'est pas de connaissance a posteriori. Hume au contraire et c'est là le sens de l'empirisme, affirme que l'expérience (et donc le sensible) est le point de départ de toute connaissance.

Percevoir un objet extérieur implique l'utilisation des sens (vue, toucher, ouïe, odorat). Cette perception est responsable d'une impression (ainsi sont les sensations, émotions…) mais aussi d'une idée qui est une image affaiblie de l'impression (principe de copie, cf. Platon et la dégradation ontologique par la copie) mais assimilée par l'esprit.

Toutes les opérations mentales (la pensée) s'explique par l'enchainement d'idées et de perceptions qui s'assemblent sans intervention de la volonté. Pour Hume, une question surgit alors: en quoi le moi est-il une fiction ? La majeur partie de la philosophie de la conscience est basée sur l'expérience du moi et à plus forte raison pour les rationalistes tels que Descartes pour qui la pensée abouti à l'affirmation du sujet. Si je peux percevoir des sensations, toujours différentes, je ne peux percevoir le moi, stable. En supprimant les perceptions, je n'ai plus aucune conscience de moi, comme dans le sommeil. C'est ainsi que Hume construit la conscience débarrassée du moi comme étant une série d'impressions diverses et variables.

Pour maintenir l'unité de la conscience et ainsi se reconnaitre soi-même, Hume démontre que nos perceptions sont reliées, elles se ressemblent. Nous nous souvenons de nos perceptions passées et faisons des liens (principe de causalité) avec nos perceptions actuelles.

Hume pousse néanmoins le concept plus loin : il affirme que le principe de causalité, qui joue une importance capitale dans les sciences et la métaphysique (par ex.  une baisse de la pression atmosphérique est la cause des précipitations) n'est qu'un antécédent constant, simplement dû à l'habitude.

Néanmoins, dans le livre "L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau", Oliver Sacks, neurologue Britannique du 20ème Siècle met en avant l'histoire d'un de ses patients dont la mémoire à court terme était inopérante. Le patient était ainsi incapable de se souvenir d'un évènement survenu une minute auparavant : il restait coincé à l'année 1945. Cet homme, privé de passé "récent" et d'avenir existait-il réellement ?  Ce paradoxe tend à illustrer les limites de la conception empiriste du Moi.

Le scepticisme critique de David Hume aura de profondes répercussions sur Kant qui le fera sortir de son "sommeil dogmatique".

Articles populaires

Les sommes : la sommation par paquets

Mo et Mb, différences et conséquences

Les démonstrations par récurrence