Chomsky et la grammaire universelle
Noam Chomsky est un
linguiste et philosophe Américain né en 1928 à Philadelphie, USA. Il se marie
en 1949 à Carol Chomsky, une amie d'enfance et vivent quelques temps en Israël
dans un Kibboutz . Un Kibboutz est une congrégation juive peu religieuse (d'où
les conflits avec les rigoristes) de personnes souvent d'un niveau
socio-intellectuel élevé. Cette dernière poursuit des études de linguistique,
"dans le cas où son mari se serait retrouvé en prison pour ses prises de
positions contre la guerre du Vietnam.
Il reste célèbre
pour sa théorie sur la grammaire universelle, selon laquelle des structures
grammaticales seraient présentes dès la naissance. Il se fonde pour appuyer
cette thèse sur des exemples dont celui d'un enfant sourd, qui malgré un
mauvais apprentissage (pauvreté de l'apport) de la langue des signes avait
réussi à développer une grammaire cohérente.
Cette thèse de
structures grammaticales universelles préinscrites chez l'enfant provoqua dans
les années 60 un bouleversement. En effet, jusqu'à cette date et depuis les
lumières, la théorie communément exploitée était que le cerveau de l'enfant
était une "tabula rasa", une table rase, vierge de toute structure
préexistante.
On peut faire un
rapprochement avec la thèse platonicienne de la "réminiscence" selon
laquelle l'âme séjourne dans le monde des idées avant d'être incarnée, elle
sait tout pourrait-on dire. Au moment de son incarnation, elle boit une goutte
du fleuve Léthé (grec ancien, oubli) et oublie ce qu'elle savait. Le travail du
philosophe consiste alors à réveiller ce savoir enfoui, à l'instar de Socrate
posant des questions à un jeune esclave pour l'amener à dupliquer un carré.
« Pour
engloutir mes sanglots apaisés
Rien
ne me vaut l'abîme de ta couche ;
L'oubli
puissant habite sur ta bouche,
Et
le Léthé coule dans tes baisers. »
BAUDELAIRE
Au-delà de cette
première approche, on peut se demander, comme Platon dans le Cratyle si les
mots sont liés ou non aux choses et phénomènes qu'ils représentent. Dans cette
œuvre datant du Vème siècle avant JC, Socrate, le maitre de Platon écoute et
débat de deux thèses opposées, l'une soutenue par Cratyle, l'autre par
Hermogène.
Si Cratyle soutient
que les nom sont justes par nature, Hermogène soutient quant à lui que les noms
ne sont reliés aux objets qu'ils désignent que par une convention humaine.
Derrière la pensée de Hermogène se retrouve ce que Platon qualifie de scepticisme
à savoir la pensée de Protagoras : "l'Homme est la mesure de toute
choses". Sextus Empiricus interprétait cette formule comme un relativisme
absolu, il n'y a donc que des vérités subjectives et le monde des idées et de
fait impossible car il supposerait des vérités universelles (objectives).
A noter que d'autres
interprétations de cette formule sont possibles : celle, élevant l'Homme en
fondateur de la rationalité de la nature. Une conception plus radicale encore
serait de reprendre la pensée de Husserl ("toute conscience est conscience
de quelque chose"), ce qui signifierais que sans l'Homme, rien n'existe.
Un lien important
est à faire avec le Théétète de Platon. En effet, après être arrivé à la
conclusion que les mots suggèrent une action (mouvement, repos), c'est sur leur
sens que doit porter toute interrogation et non sur les mots. Dans le Théétète,
Platon démontre l'importance des Formes sans qui rien n'est possible.